Where the hell did I land? Oh, great.

Il marchait. Cela faisait trois heures qu’il marchait. Bon sang, trois heures, et pas une seule personne croisée ! Franz commença à penser qu’il avait atterri dans un endroit complètement désert. Mais il regarda la petite fiole qu’il avait conservée dans sa poche. Il se dit qu’il fallait bien qu’il y eut quelqu’un pour l’y mettre là où il avait atterri. Il fallait bien quelqu’un pour écrire quelque chose sur cette saleté d’étiquette. Saleté d’étiquette ! Franz l’arracha du goulot de la fiole, se coupant avec le papier au passage. Ah, saleté ! Il la jeta par terre, en tant que punition pour avoir commis l’affront de l’avoir blessé, et aussi parce que c’est ce qu’il avait prévu de faire en l’arrachant. Il s’attendait à ce qu’elle s’écrase immédiatement par terre, mais il avait omis le fait que d’une, le papier, c’était léger, et de deux, la poussée d’Archimède allait faire son effet. Alors, la petite étiquette virevolta en ronds pendant quelques secondes, avant de délicatement glisser contre le sol. Le garçon la regarda avec perplexité, avant de soudainement l’écraser de son pied vengeur, comme pour se défouler. Une fois le bout de papier souillé de ce dans quoi il avait pu marcher, Franz soupira face à son idiotie apparente, et remercia le ciel de n’avoir fait arriver personne durant ce moment de solitude. Enfin qui sait, peut-être avait-il été observé. Il reprit sa route, tout en regardant le flacon, ce flacon qui avait scellé son destin, ici, au Royaume de Cœur, sans même qu’il ne le sache.
Et soudainement, il entendit du bruit venant de derrière. Il se retourna brusquement, observant les alentours, sans bouger d’un poil.

« Y’a quelqu’un ? » appela-t-il dans le vide.

Prendre un nouveau chemin n’était définitivement pas une bonne idée. Alice ne savait même pas pourquoi elle avait eu cette idée loin d’être fabuleuse. Elle s’était dit, « Tiens, et si je passais par autre part pour rentrer à la Tour de L’Horloge ? Il se pourrait qu’il y ait des endroits intéressants que je n’ai pas encore découverts ! ». En y repensant, la jeune fille se frappa le front avec la paume de sa main, s’auto-punissant pour sa stupidité qui l’avait menée dans un endroit qu’elle ne connaissait pas du tout. Elle avait atterri dans une forêt bizarre et limite macabre, et elle n’aimait pas du tout ça. Et se dire que continuer d’avancer dans cette broussaille ne lui ferait pas de mal était sa seconde pire idée. Franchement, à quoi avait-elle pensé ? Alice, espèce d’idiote !

Voilà, maintenant, elle était en train d’essayer d’éviter de trébucher à cause d’une quelconque racine d’arbre qui aurait eu l’envie de pourrir un peu plus sa journée. Non pas qu’elle accusait le monde dans lequel elle était à présent, pour avoir eu un jour pitoyable, mais bon. Il fallait bien quelque chose sur quoi s’acharner, en dehors d’elle-même.

Puis, elle aperçut quelque chose se mouvoir un peu plus loin, sur le sentier. Il y avait quelqu’un d’autre. Elle discerna une chevelure rouge, qu’elle n’avait jamais vue.
« Qui est-ce… ? » se demanda-t-elle à elle-même.
Y aurait-il quelqu’un qu’elle n’avait encore jamais rencontré ? Oh, mais ça pourrait l’aider à remplir sa fiole ! Alors, elle s’approcha prudemment s’arrêtant quelques mètres plus loin pour l’observer. Apparemment, c’était un garçon, et il n’avait pas remarqué sa présence. Quand elle remarqua ce qu’il était en train de fabriquer, car il était en train de s’acharner sur un bout de papier, elle ne pu s’empêcher d’avoir une montée de sarcasme dans son regard.
« Qu’est-ce qu’il fait ? Est-il conscient qu’un morceau de papier ne vaut pas la peine de s’énerver comme ça… ? » se dit-elle à voix basse.

Puis le garçon reprit sa route, tout comme Alice qui le suivit, en profitant pour prendre l’étiquette abandonnée au milieu du sentier. Elle lit l’inscription. « Bois-moi » ? Qu’est-ce que ça signifiait ?

La jeune fille, d’autant plus intriguée, s’empressa de rattraper le garçon, qui finalement, remarqua sa présence quand elle fit involontairement craquer une petite branche sous son pied. Il se retourna :
« Y’a quelqu’un ? »
Alice laissa s’échapper un cri de surprise. « Hiii ! » s’exclama-t-elle, en soulevant son pied, regardant la brindille cassée en deux sur le sol. Puis elle regarda le garçon, reprenant sa posture et son expression normale.
« Désolée, je vous ai surpris, je crois… » s’excusa-t-elle, profitant du fait qu’il soit retourné pour le dévisager. Son regard avait quelque chose de spécial, remarqua-t-elle. Mais elle ne savait pas quoi exactement.

Elle s’avança vers lui, tendant sa main en avant.

« Enfin, en tout cas, bonjour… Je suis Alice Liddell, je vis à la Tour de l’Horloge… » dit-elle en souriant chaleureusement au garçon. Mais ce sourire était légèrement forcé. En effet, elle espérait qu’il ne réagisse pas comme certaines personnes qu’elle avait rencontrées. C'est-à-dire, en brandissant une arme et en menaçant de la tuer.

Franz dévisagea la jeune fille qui était apparue devant ses yeux. Elle avait eu peur, et l’avait montré. Elle n’avait d’ailleurs pas eu l’air très fin, dans cette situation. Mais elle se recomposa rapidement, laissant ainsi l’occasion au garçon de l’observer. Des longs cheveux blonds vénitiens, de grands yeux bleus… Pas beaucoup de formes, mais charmante quand même.

La jeune fille s’avança vers Franz en tendant la main avant de se présenter. Alice ? Un prénom classique, ma foi. Liddell… De quelle origine était ce nom, déjà ? Français ? Allemand ? Anglais ? Mmh… La probabilité la plus élevée se tournait vers l’origine anglaise, pour Franz, en tout cas. Le sourire de la jeune fille fit que le garçon ne pouvait pas refuser sa poignée de main. Ainsi, il prit la main d’Alice dans la sienne avant de l’agiter doucement.

« Euh, moi, c’est Franz. Franz Kaiser. » dit-il brièvement.

Mais soudainement, il s’aperçu que la main qu’il avait utilisée pour saluer Alice était celle où il s’était coupé. Il avait donc mis plein de sang sur la main de la pauvre fille.

« Oh, mer- Désolé, j’ai pas fait attention. » s’excusa-t-il, cherchant désespérément un mouchoir dans sa poche.

Il avait complètement oublié cette coupure pendant quelques instants, et maintenant qu’elle s’était bien manifestée, elle commençait à lui faire bien mal. C’est fou la façon dont on peut se blesser avec un morceau de papier…

Le garçon finit par lui serrer la main, et cela rassura finalement un peu Alice. Bon, il n’était apparemment pas assez tordu pour sortir une quelconque arme à feu avant de commencer à parler. C’était déjà un bon début.

« Euh, moi, c’est Franz. Franz Kaiser. » dit-il brièvement.

Franz ? Elle n’avait jamais encore rencontré quelqu’un portant un nom allemand, se dit-elle. Franz n’avait pas l’air sûr de lui. Et soudainement, il lâcha sa main. Alice le regarda sans comprendre. QU’est-ce qu’il lui arrivait ?

« Oh, mer- Désolé, j’ai pas fait attention. » s’excusa-t-il.


Elle le regarda chercher quelque chose dans sa poche, puis regarda sa propre main. Une trace de sang s’y était installée. Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour comprendre d’où venait ce liquide rouge.


« Oh, mince, vous êtes blessé ? » demanda-t-elle en s’approchant un peu plus pour lui retirer sa main de sa poche pour pouvoir mieux l’observer. Elle regarda l’entaille, se sentant concernée.


« Comment vous êtes vous coupé ? » demanda-t-elle tout en prenant en main son tablier blanc pour envelopper la main blessée de Franz. « Je vais vous aider à soigner cette blessure, mais il nous faut de l’eau… » dit-elle.

Franz ne trouvait pas de fichu mouchoir. Et ça l’irritait. Et Alice, elle, remarqua sa blessure.

« Oh, mince, vous êtes blessé ? » demanda-t-elle en approchant.

Le garçon la regarda brièvement avec un sourire :

« Euh, oui, je me suis coupé, mais je pense que ça devr-»

Il s’arrêta au milieu de sa phrase quand la main de la jeune fille vint prendre son poignet, tirant dessus pour lui sortir la main de la poche.

« -ait aller… » finit-il.

Il la regarda tandis qu’elle observait sa blessure avec précaution. Cette fille semblait légèrement… Inconsciente. Elle venait tout juste de le rencontrer, ils n’avaient tout les deux aucune idée de qui pouvait être l’autre, Franz ne savait toujours pas où il était, et là, elle s’inquiétait pour lui. C’est bien gentil de sa part, mais bon. Ça sortait un peu du commun.

« Comment vous êtes vous coupé ? » demanda-t-elle en enveloppant la main du garçon dans son tablier.

Au contact du tissu, il ressentit une légère douleur et tressaillit.

« Une étiquette… J’ai voulu la retirer d’un flacon, je sais pas comment je m’y suis pris… » expliqua-t-il.
« Je vais vous aider à soigner cette blessure, mais il nous faut de l’eau… »

Elle était décidément très gentille. Et à ce moment là, Franz ne pouvait pas s’en plaindre.

Il se gratta l’arrière de la tête avec sa main libre, tout en regardant autour.

« On est dans une forêt, il devrait y avoir un point d’eau quelque part, non ? Enfin, si cet endroit est normal… »

« On est dans une forêt, il devrait y avoir un point d’eau quelque part, non ? Enfin, si cet endroit est normal… »

Alice laissa s’échapper un petit rire à la dernière remarque de Franz.

«Normal ? Voyons, vous savez bien que cet endroit est loin d’êtr-»

La jeune fille s’arrêta en pleine phrase, ses yeux soudainement écarquillés, se rendant finalement compte d’une chose, et pas des moindres. Aucun habitant de Wonderland ne se serait posé de question sur la normalité des lieux. Pour eux, tout ce qui paraissait bizarre et étrange et loin d’être normal pour Alice était la normalité absolue pour eux. En conclusion, le charmant jeune homme qui se tenait devant elle était loin d’être un habitant de Wonderland. Et quand on n’était pas un habitant de Wonderland, il n’y avait pas trente autres solutions.

« V-Vous n’êtes pas d’ici ? Vous êtes un étranger ? Vous venez d’arriver ? » demanda-t-elle soudainement, faisant preuve d’un enthousiasme peu habituel chez elle. Mais elle remarqua qu’elle venait d’assaillir le pauvre nouvel arrivant avec des questions. Elle voulait lui en poser plus, mais cela aurait paru impoli. C’est d’ailleurs pourquoi elle s’excusa, baissant son regard vers le sol avec un sourire gêné.

«Oh, je vous prie de me pardonner pour toutes ces questions… »

« A vrai dire, j’ai aucune idée de l’endroit où on peut bien être, et je sais pas non plus comment j’ai pu atterrir ici... Un étranger, hein ? Je suppose que ça doit être le bon terme... »

Alors, une certaine lueur d'espoir apparu dans les yeux d'Alice, qui avait enfin trouvé quelqu'un comme elle, et qui la comprendrait sûrement. Elle ne pu s'empêcher d'afficher un large sourire témoignant son contentement.

« Si vous me posez toutes ce questions, je suppose que ce n’est pas habituel... ? »

La jeune fille hocha négativement de la tête.

« Mmh. Non, ce n’est en effet pas habituel. Pour tout vous dire, je suis à peu près dans le même cas que vous. Ca va vous paraître saugrenu, mais vous êtes arrivé dans... Un autre monde... Mais venez, je vais vous expliquer sur le chemin, on va aller chercher de l’eau » dit-elle en commençant à marcher dans une direction qu’elle pensait être la bonne, bien que choisie totalement au hasard.

Tout en marchant, elle commença son exposé.

« Alors, par où commencer ? Bon, déjà, je peux vous dire qu’on est au Royaume de Cœur. Il semblerait que non loin d’ici se trouve le Royaume de Pique, de Trèfle, et de Carreau. Oui, on y retrouve les couleurs des cartes de jeu... Allez savoir pourquoi... »

Elle esquiva quelques racines d’arbres pour ne pas trébucher avant de continuer.

« Ici, il y a apparemment deux catégories d’habitants. Ceux qui ont un rôle, et ce qui n’en n’ont pas. Ceux qui en ont un disent souvent que les autres se ressemblent tous et n’ont même pas de visage, pourtant, moi je les vois comme des individus à part entière... Peut-être que ce sera votre cas aussi... »

Ils finirent par arriver près d’un point d’eau, comme ils l’avaient espéré, et alors Alice s’empressa d’aller au bord de l’eau, s’accroupissant pour regarder le liquide et vérifier qu’il n’y avait rien de suspect. Mais en apercevant un animal s’y abreuver avant de s’enfuir en les voyant arriver, la jeune fille constata qu’il n’y avait rien à craindre.

« Mais peut-être qu’aussi, vous n’aurez pas à rester ici, si vous n’avez pas été inclus dans le jeu, comme moi je l’ai été... » finit-elle par dire, trempant son doigt dans l’eau.

Franz finit par s’asseoir près d’Alice qui tourna son regard vers lui.

« Donc, si j’ai bien compris, je suis tombé dans un trou où j’ai vu un lapin blanc, et j’ai atterri dans un autre monde ? Et ce jeu, comment je suis censé savoir si j’ai été inclus dedans ?»

La jeune fille cligna deux ou trois fois des yeux, se repassant les paroles du garçon dans sa tête. Tombé dans un trou ? Lapin blanc ? Alors, il avait vu Peter ?

« U-Un lapin blanc, vous dites ? » demanda-t-elle, à présent à quatre patte au bord de l’eau, approchant son visage de celui de Franz, avec un air ahuri. Mais se rendant compte du fait qu’elle était sûrement un peu trop près, elle se recula légèrement, s’asseyant finalement sur ses talons, posant ses mains sur ses genoux, sans lâcher le garçon du regard.

« Si vous avez vu ce lapin, je me demande pourquoi il vous a ramené ici... Et en ce qui concerne le jeu, tout dépend de ce qui s’est passé depuis votre arrivée... Vous avez parlé au lapin ? Vous avez fait quelque chose de spécial ? » demanda-t-elle, en espérant pour le nouvel arrivant qu’il n’avait pas bu cette fichu potion que Peter lui avait lui-même fait boire lorsqu’il l’avait ramenée ici... Ce souvenir n’étant pas très plaisant, elle détourna le regard en grimaçant légèrement .